A moins d’être fou – et Dieu sait combien mon pays natal, le Congo-Brazzaville, regorge de fous, surtout dans la classe politique -, on ne peut sortir qu’anéanti du huitième « roman » - je mets les guillemets à dessein. Ô douleur ! Ô souffrance ! MH manque d’imagination et de talent à un point qui n’est pas croyable.
C’est au mieux une sommité du cliché ou du lieu commun. Quand il parle du Sommet de l’Union africaine, c’est en termes de prostituées éthiopiennes et de rumba congolaise. Le contenu du Sommet, rien ! Quand il parle du nord de la France, le Pas-de-Calais, c’est en termes de chômage chronique. Quand il parle de femmes asiatiques, c’est en termes de petits vagins (« Une petite amie bouddhiste qui savait contracter sa chatte » ; « Peu après, il avait couché avec une autre bouddhiste [...], la fille était certes canon mais elle ne savait pas contracter sa chatte »). Quand il parle de bourgeois, c’est en termes de femmes et d’hommes qui ne savent pas faire la cuisine. Quand il parle d’un enfant noir conçu par PMA, c’est en termes de « futur rappeur du Bronx ». Ô douleur ! Ô souffrance !
A l’inanité du récit – parce que pour moi ça n’est pas un roman au sens étroit du terme mais plutôt un récit -, s’ajoute le non-style. Absence de figures micro ou macrostructurales ; un recours abusif à l’incise, au point virgule et, surtout, à cette abomination qu’est « par contre, par contre, par contre ». Des phrases longues qui n’ont rien de périodiques.
De quoi s’agit-il ? Paul Raison, à peu près 50 ans, travaille au ministère de l’Economie que dirige Bruno Juge - on pense à Bruno Lemaire -, le grand ministre de l’Economie depuis Colbert – le rédacteur du code noir. Bien que vivant sous le même toit avec Prudence, ils sont séparés sentimentalement et sexuellement depuis longtemps. Fin décembre 2026 – eh oui, l’histoire se passe en 2027 en pleine campagne de l’élection présidentielle à laquelle se présente Bruno Juge –, il se rend au chevet de son père qui a eu un AVC et avec qui il veut renouer.
C’est l’aspect métaphysique de ce récit sans réel suspense, même quand on lui décèle un cancer de la dent. Toutefois, je me pose une question : qui ne sait pas que la maladie et la vieillesse génèrent toujours des réflexions métaphysiques, à moins d’être fou ? Quand Paul Raison retrouve le bureau de son père – un ancien du Renseignement qui garde chez lui des dossiers importants - trente après, on s’attend à un rebondissement. En parcourant les dossiers de son père, on s’attend à ce qu’il découvre un secret d’Etat, une petite info, etc. Rien de tel ! MH a une certaine empathie pour le personnage principal, Paul Raison. Hélas ! Ce dernier est vide, plat.
Des descriptions à n’en plus finir, une dilatation temporelle, au détriment de la narration. MH nous décrit même la vitesse du TGV, comme pour remplir les pages. Question : de la gare de Lyon à la gare du Nord, est-on obligé de prendre le métro et de changer à Bastille ? En habitué de ce trajet, je prends le RER D qui ne met que 8 mns, au contraire des personnages de MH. 730 pages de platitudes !
Et puis cette facilité qu’il a de banaliser les thèses de l’extrême droite ! ! Ô douleur ! Ô souffrance !
Bedel BAOUNA